Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Zineb Karrakchou, j’ai 30 ans, et j’ai un parcours atypique. Après une classe préparatoire, j’ai intégré Grenoble École de Management, où je me suis spécialisée en finance. L’alternance m’a offert mes premières expériences professionnelles : d’abord chez Louis Vuitton en contrôle de gestion auprès du directeur financier, puis chez Sanofi, où je suivais la performance industrielle de l’Europe sous un angle financier. J’ai ensuite évolué vers le conseil en stratégie et management avant de franchir un nouveau cap en suivant ma passion pour la cuisine et le voyage, ce qui m’a menée jusqu’à la Maison Lenôtre, aux côtés de chefs étoilés.
Pourquoi avoir choisi la France pour vos études et comment s’est passée votre arrivée ?
Poursuivre mes études en France était une suite logique. Je recherchais un cadre exigeant, ce qui m’a naturellement orientée vers une classe préparatoire (IPESUP), puis vers Grenoble École de Management.
Mon arrivée seule en France n’a pas été facile, mais la communauté marocaine a constitué un précieux soutien. Avec du recul, je conseillerai aux étudiants de ne pas rester uniquement dans leur cercle d’origine : s’ouvrir à d’autres cultures permet d’élargir ses horizons et de découvrir des chemins de réussite insoupçonnés.
Durant votre parcours, avez-vous été engagée dans des associations ou réseaux étudiants ?
Oui, j’ai intégré l’association humanitaire SOS de Grenoble École de Management, en partenariat avec une organisation locale au Bénin et au Togo. J’y ai mené des actions de sensibilisation aux maladies, à l’importance de l’éducation et à l’égalité filles-garçons. J’ai également accompagné des micro-entrepreneurs, soutenu des ONG locales et participé à la construction d’une bibliothèque pour le village. Cette mission, d’un mois au Bénin et deux semaines au Togo, a été une expérience fondatrice qui a renforcé mon attachement au continent africain.
Quels ont été les moments les plus difficiles de votre parcours ?
Deux périodes m’ont particulièrement marquée :
Avec du recul, ces moments se sont révélés les plus formateurs. Ils m’ont poussée à sortir de ma zone de confort, à me réinventer et à élargir mes perspectives.
Pouvez-vous détailler vos expériences professionnelles ?
À ma sortie d’école, j’ai choisi le conseil, un excellent tremplin pour développer des compétences variées en gestion et en pilotage de projets, tout en explorant différents secteurs.
· Dans un cabinet à taille humaine dont les clients sont des directions financières, j’ai travaillé sur des sujets tels que l’optimisation du cash management, les innovations de paiements (cashback, paiements fractionnés…) ou la gestion de la dette. Mais les missions devenaient redondantes.
· Enfin, chez Capgemini Invent, j’ai eu l’opportunité de participer à des projets variés, dans différents secteurs. J’y ai acquis une solide expertise en gestion de projet et organisation, quelle que soit la complexité des programmes.
En parallèle, j’ai toujours nourri mes passions pour la cuisine et le voyage. J’ai lancé il y a trois ans mon blog culinaire et de voyage -Taste.Wanderlust- pour partager mes découvertes gastronomiques et mes expériences personnelles.
Comment vos passions pour la cuisine et le voyage se sont-elles intégrées à votre trajectoire ?
À l’approche de mes 30 ans, j’ai ressenti le besoin de redonner du sens à ma vie professionnelle. Mon rôle de consultante n’était plus stimulant, et l’obtention de la naturalisation m’a offert la sécurité administrative nécessaire pour franchir un cap. Je sentais donc à ce moment précis qu’il y avait d’anciens rêves enfouis en moi que je devais réaliser : celui de voyager seule en Asie de l’Est et celui de suivre ma passion pour la cuisine. J’aime résumer ce tournant par la devise suivante : « la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés ».
J’ai donc quitté le conseil pour réaliser mon voyage puis poursuivre ma passion et passer un CAP Cuisine via le programme CFA des Chefs, porté par cinq grands groupes hôteliers français. Ce dispositif intensif d’un an permet une reconversion rapide tout en répondant aux besoins du secteur.
Mon voyage en Asie de l’Est (Cambodge, Vietnam, Bali, Singapour) m’a permis d’explorer les cuisines locales, pratiquer du yoga et du surf. De retour en France, j’ai intégré l’École des
Arts Culinaires Lenôtre en tant qu’Apprentie cheffe. J’ai eu la chance de cuisiner au Stade de France et de collaborer avec des chefs doublement et triplement étoilés, des meilleurs ouvriers de France ainsi que le meilleur traiteur du monde de l’année 2023.
Qu’avez-vous appris de plus marquant en France ?
Trois enseignements me semblent essentiels :
Où vous voyez-vous dans 5 ans ?
Je me projette probablement au Maroc, tout en restant ouverte à d’autres opportunités. Mon ambition est de contribuer au développement du secteur agroalimentaire, de la restauration et de l’hôtellerie, en collaborant avec des enseignes prestigieuses dans le domaine hôtelier (comme le Royal Mansour ou la Mamounia au Maroc), ou avec des groupes internationaux alimentaire tels que Danone ou Sodexo (groupe auquel appartient d’ailleurs Sodexo).
Je garde également un lien fort avec l’Afrique. Mon projet initial était de participer au développement de systèmes alimentaires durables sur le continent, et j’aimerais pouvoir y apporter ma contribution aux côtés d’acteurs engagés.
La FIRSI organise la conférence « Parcours inspirant » le 3 juin à l’École des ponts et chaussées, avec témoignages d’Alumni, Q&R et networking. Inscription obligatoire, places limitées.
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